Jérémie Azou – Aviron
Jérémie Azou est un des leaders de l’équipe de France d’aviron et le plus titré des rameurs français de ces dernières années. Ce n’est pas par hasard : Jérémie c’est un physique (1m78, 73kg), mais c’est aussi un cerveau (kinésithérapeute et en préparation du diplôme d’ostéopathie). Vous me direz « il n’est pas très costaud pour un rameur ? » et oui, Jérémie fait partie de la catégorie Poids Léger (PL), qui est la catégorie la plus dense au niveau international. Impressionnant de maturité, Jérémie est arrivé en équipe de France Elite dès sa première année en sénior. L’aviron, n’étant pas un sport professionnel, il a assuré sa carrière professionnelle en réussissant le diplôme de kinésithérapie et travaille déjà à côté de ses journées d’entrainement. Découvrez ce phénomène de l’aviron français
WASL : Jérémie, qu’est-ce que cela te fait d’être un des leaders de l’aviron français et international ?
J.A : Le statut de leader engage des responsabilités. En ces termes j’essaie d’être le plus exemplaire possible, et dans un maximum de domaines : sportif, universitaire, humain. C’est quelque chose qui demande beaucoup d’énergie mais qui répond finalement bien à toutes les exigences de notre sport, du haut niveau et de la performance. Je prends donc ce rôle à cœur. Ça me motive plus que ça ne me stresse.
WASL : Es-tu conscient que tu inspires des rameuses et rameurs à vouloir faire carrière dans l’aviron ?
J.A : C’est ce que j’essaie de faire via le Blog*, c’est une de mes sources de motivation ! Merci Internet ! Ce Média permet vraiment de communiquer en temps réel et de simplifier le contact entre les gens, notamment avec les Jeunes. Cette génération 2.0 n’hésite pas à nous poser des questions, et c’est une bonne chose ! N’ayant pas bénéficié de tout ça étant jeune rameur j’y attache beaucoup d’importance. J’essaie de répondre à tout le monde. Surtout quand il s’agit du double projet (sport et étude).
*Jetez un oeil à son blog et suivez son actualité : http://azoujeremie.wordpress.com/
WASL : Penses-tu qu’il est important d’avoir des leaders dans un sport pour avoir envie de « performer » ?
Bien sûr. Même s’il peut arriver que certaines convictions personnelles suffisent à atteindre un objectif.
WASL : Penses-tu que l’aviron souffre de préjugés tels que « c’est de la barque », « c’est un sport de camionneur », « ça fait travailler les bras, non ? »
J.A : Voici une liste peu exhaustive ! Il est évident que notre sport en souffre. Mais peut-on vraiment en vouloir à ces personnes ? Notre manque de visibilité médiatique amène forcément ce type de raccourcis. Cela ne me blesse plus, surtout quand il s’agit d’une maladresse. La plupart des gens restent curieux et reconnaissent volontiers leur « fautes » de langage. Nous sommes peu connus mais nous bénéficions d’une bonne image et nous suscitons la curiosité. Le bilan est plutôt positif finalement !
WASL : Cela te parait-il être un frein pour le développement de l’aviron féminin ?
J.A : C’est évident. Même si je pense que la gente féminine n’a pas ce raisonnement, que plusieurs clubs ne vivent qu’au travers de leurs résultats et que plusieurs magazines féminins vantent les bienfaits de notre activité pour sa complémentarité. Hélas, tant que l’inconscient collectif portera ces préjugés nous perdrons des licenciées.
WASL : Quelles sont selon toi les qualités que les femmes pourraient avoir et que les hommes n’ont pas en aviron ?
J.A : Pour réussir en aviron il faut la force d’un haltérophile et la légèreté d’une danseuse. Dans ce sens les femmes ont une sensibilité que les hommes n’ont pas forcément au début. Elles sont plus appliquées et savent plus facilement écouter, notamment en équipage. Autre qualité que les filles ont avant les garçons : c’est la rigueur. Elles font preuve de plus de maturité dans les petites catégories, elles sont souvent plus assidues que leurs homologues masculins au même âge. On peut également mentionner la souplesse. Je pense que nos féminines sont spontanément plus juste techniquement parce qu’elles sont plus souple que leurs homologues masculins.
WASL : Quelle serait pour toi la rameuse (internationale ou non) qui pourrait endosser le rôle d’égérie pour l’aviron féminin ?
J.A : Je dirais sans trop d’hésitation le double TC Lituanienne championne du monde 2013 et 4ème cette année (avec les conditions de vent que tout le monde connait**).
WASL : Sur quels critères bases-tu ton choix ?
Elles sont jeunes : Donata Vistartaite (25 ans) et Milda Valciukaite (20 ans). Elles ont des gabarits modestes mais compensent par un coup d’aviron efficace et agressif. Elles sont très athlétiques et très féminines. Cela brise beaucoup de préjugés sur l’aviron féminin à haut niveau. Toutes ces raisons en font les meilleures ambassadrices de notre sport.
Photos : Facebook du W2x / Fédération Française d’Aviron
**les championnats du Monde se sont déroulés à Amsterdam et les conditions n’étaient pas équitables entre les différentes lignes d’eau. Jérémie a loupé le titre mondial de quelques centièmes à cause des conditions de vent défavorables pour sa ligne d’eau
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